lundi 27 novembre 2017

Thèse de Guy 7

Jean Chrysostome

Mais de manière générale, les pères de l’Eglise n’ont pas beaucoup écrit sur les enfants (en fait, la plupart des références aux enfants dans leurs écrits touchent à leur dimension symbolique décrivant notre maturité en Christ ou notre statut devant Dieu). Il y a cependant eu deux exceptions: Jean Chrysostome et Jérôme.[1]
 
 Jean Chrysostome (349-407 ap. J.-C.) avait l’instruction des enfants et des jeunes très à cœur. Lisons certaines de ses citations sur leur éducation dans la foi: 

Que tout passe après la priorité du soin à apporter à nos enfants, en les éduquant dans la discipline et l’instruction du Seigneur. Si dès le début nous les enseignons à aimer la véritable sagesse, ils auront plus de richesses et de gloire que ce que l’argent peut offrir. Si un enfant apprend un métier, ou qu’il est excellemment formé pour une profession lucrative, cela n’est rien en comparaison de l’art du détachement des richesses; si vous voulez que votre enfant soit riche, enseignez-lui ceci. Il est véritablement riche, celui qui ne désire ni grandes possessions, ni s’entourer de biens, mais qui n’a besoin de rien… Ne pensez pas que seuls les moines ont besoin d’apprendre la Bible; les enfants sur le point d’entrer dans le monde ont encore plus besoin de la connaissance des Ecritures.[2]

Avec les enfants, nous avons une grande responsabilité qui nous est confiée. Appliquons-nous auprès d’eux avec grand soin, et faisons tout notre possible pour que l’ennemi ne nous les vole pas. Mais actuellement, notre pratique est exactement l’inverse de ces recommandations. Nous nous assurons en vérité que nos fermes soient en bon ordre, nous les confions à des gérants fidèles, nous recherchons des conducteurs d’ânes, des  muletiers, des gardes-chasse, des comptables qualifiés. Mais nous ne recherchons pas ce qui est bien plus important, une personne à laquelle nous pourrions confier notre fils, un gardien de sa morale, bien que ce soit une possession beaucoup plus précieuse que toutes les autres. C’est pour lui en vérité que nous prenons soin de notre domaine. Nous prenons soin de nos possessions pour nos enfants, mais des enfants eux-mêmes nous ne prenons pas soin du tout. Forme l’âme de ton fils correctement, et le reste sera ajouté par-dessus par la suite.[3] 

Quant à la discipline, n’ayez pas constamment recours au châtiment corporel. Le bâton ne devrait être utilisé que dans des cas extrêmes. Enseignez plutôt votre enfant par le bon exemple, car il suffit de quelques mois pour voir de mauvaises habitudes prendre racine.[4]

Une part importante de l’éducation d’un enfant consiste à lui raconter des histoires, car les bonnes histoires excitent l’imagination et fortifient le lien entre le parent et l’enfant. Les histoires de la Bible sont à privilégier, et l’enfant devrait les répéter souvent, pour souligner leur pleine compréhension.[5]

Son conseil aux enseignants était de «se pencher vers l’enfant afin de l’élever jusqu’à Dieu.»[6]
 
Chrysostome plaçait un grand accent sur la formation des parents. Il a aussi écrit sur le rôle central des parents pour façonner les multiples facettes du développement de l’enfant: 

Car généralement les enfants acquièrent le caractère de leurs parents, sont formés dans le moule du tempérament de leurs parents, aiment les même choses que leurs parents aiment, parlent de la même façon et travaillent pour les même fins.[7]

Chrysostome exhorte ses auditeurs à ce que «la maison soit une église, constituée d’hommes et de femmes. … Car là où deux ou trois sont rassemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux.»[8]

Si nous tenons nos foyers de manière adéquate … nous seront également adéquats pour superviser l’église, car en vérité le foyer est une petite église. Par conséquent, il est possible pour nous de surpasser tous les autres en vertu en devenant de bons maris et de bonnes épouses.[9]

Chrysostome a même compris l’influence de la famille sur les autres sphères de la société: 

La famille humaine constitue l’élément premier et essentiel de la société humaine [...] La paix dans la société sera un fruit direct de la paix dans la famille; l’ordre et l’harmonie dans la sphère séculière et politique sera le fruit direct de l’ordre et de l’harmonie qui jaillissent des conseils créatifs et de l’attribution de réelles responsabilités aux enfants (en leur assignant des tâches spécifiques).[10]

Vigen Guroian explique dans le livre Children in Christian Thought que Chrysostome défendait 

avec vigueur que la santé et la mission de l’église dépendent de manière cruciale de la vitalité de la famille chrétienne et il s’est lui-même donné pour tâche de clarifier le caractère normatif de la famille et de prescrire des pratiques appropriées pour l’éducation des enfants.[11]

Par exemple:

Eduquons-les (nos enfants) dans la discipline et l’instruction du Seigneur. Grande sera la récompense qui nous attend, car si des artistes qui créent des statues ou peignent les portraits des rois sont tenus en grande estime, notre Dieu ne bénira-t-il pas mille fois plus ceux qui révèlent et magnifient son image royale (car l’homme est l’image de Dieu)? Lorsque nous enseignons nos enfants à être bons, à être doux, à être prompts à pardonner (ce sont tous des attributs de Dieu), à être généreux, à aimer leur prochain, et à considérer le siècle présent comme vain, nous instillons la vertu dans leurs âmes, et révélons l’image de Dieu en eux.[12]

Il a accentué l’importance de la parole de Dieu.  

Ne considérez jamais comme une moindre chose que votre enfant soit un étudiant diligent des Ecritures.[13]

[1]. O. M. Bakke, When Children Became People: The Birth of Childhood in Early Christianity (Minneapolis, MN: Fortress Press, 2005), Empl. 2280, version Kindle.
[2]. Jean Chrysostome, Homilies on 1 Timothy, Homily 9, Saint Peter’s list, consulté le 13 novembre 2014, http://www.stpeterslist.com/6057/8-quotes-from-st-john-chrysostom-on-how-to-raise-children.
[3]. Jean Chrysostome, Homilies on Ephesians, 21, Saint Peter’s list, consulté le 13 novembre 2014, http://www.stpeterslist.com/6057/8-quotes-from-st-john-chrysostom-on-how-to-raise-children.
[4]. Jean Chrysostome, «Church Fathers on Education,» Saint Herman School, consulté le 13 novembre 2014, http://sainthermanschool.org/assets/files/Church%20Fathers%20on%20Education.pdf.
[5]. Ibid.
[6]. Cité dans Luc Bussière, Richesses enfouies (Macon, France: Edition J.-F. Oberlin, 1998), p. 7.
[7]. Jean Chrysostome, On Marriage and Family Life, trad. Catherine P. Roth et David Anderson (Crestwood, NY: St. Vladimir’s Seminary Press, 1986), p. 64.
[8]. Jean Chrysostome, «Homilies on the Acts,» dans St. John Chrysostom: Homilies on the Acts of the Apostles and the Epistle to the Romans, vol. 11 de A Select Library of the Nicene and Post-Nicene Fathers of the Christian Church, première série, éd. Philip Schaff (New York, NJ: Christian Literature Co., 1890), p. 127.
[9]. Jean Chrysostome, On Marriage and Family Life, p. 57.
[10]. Jean Chrysostome, «Church Fathers on Education.»
[11]. Vigen Guroian, «The Ecclesial Family: John Chrysostom on Parenthood and Children,» dans The Child in Christian Thought, éd. Marcia J. Bunge (Grand Rapids, MI: William B. Eerdmans, 2001), p. 66.
[12]. Jean Chrysostome, On Marriage and Family Life, p. 44.
[13]. Jean Chrysostome, Interpretatio Omnium Epistularum Paulinarum, éd. F. Field (Oxford, UK: Clarendon, 1847), 4:323.

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